THREE ENGINE TRAIN - Same (2010)

Titles :

01 Didn't Know A Thing About Love
02 Stutter
03 All My Life
04 Maria
05 Good Thing
06 Million in one
07 Yesterdays
08 South Bound Train
09 Beautiful thing

Personnal :

Dan Ward : chant, guitare
Brandon Corriveau : batterie
Sean Smith : basse
Scott Cambell : guitare


Encore des gens du nord qui adoptent l'étiquette « Southern Rock »! Est-ce le signe que notre musique devient vraiment incontournable, ou est-ce un clin d’œil médiatique à tous les rebelles du secteur? En tous cas, tout ce petit monde de Three Engine Train est basé à Goderich, Ontario, Canada, c'est à dire pas très loin de Toronto, et il faut reconnaître que l'on a vu plus sudiste comme origine. L'exemple récent de SweetKiss Momma nous ayant démontré que cela ne changeait pas grand chose à l'affaire, au moins du point de vue musical, alors voyons un peu ce que recèle cette galette!

En fait de rock sudiste, on se retrouve plus près de chez Dan Baird que des groupes emblématiques ayant façonné l'image du genre, avec ici comme caractéristiques des voix plutôt dans les mediums, des guitares à la fois épaisses et nerveuses et une basse saturée qui bastonne et vrombit bien dans les graves en soutien de rythmiques assez peu sautillantes, malgré un « Good Thing » un peu plus heurté ou un « Beautiful thing » bien enlevé au milieu de multiples breaks. Le groupe dispense une atmosphère joyeusement virile, même dans ses essais de ballade, je dis essais parce que le résultat final reste encore bien rugueux. Rien à faire, la guimauve c'est pas leur truc, apparemment. Mais ce groupe récent (formé l'an dernier autour de Dan et Brandon, ses leaders, et qui produit aussitôt ou presque son premier disque, faut quand même le faire!) ne manque pourtant pas d'intérêt. Outre l'énergie dispensée, et là ça ne manque pas, il sait aussi distiller quelques subtilités tant rythmiques (voir plus haut) qu'harmoniques (quelques harmonies qui frottent volontairement comme dans « Million in one », quelques rares essais de guitares harmonisées, dans « Good Thing », par exemple). Sur l'album, les titres s'enchaînent comme on enfile des perles sur un collier : pas de temps mort pour garder un côté fonceur ma foi pas désagréable, d'autant que l'ensemble reste assez varié et que certaines compositions, comme « Didn't Know A Thing About Love » qui ouvre l'album, tiennent vraiment la route musicalement.

Bref, vous l'aurez compris, cette encourageante première galette un peu velue s'adresse plus à ceux qui carburent à l'énergie et aux décibels, mais sans monotonie, qu'à ceux appréciant les délicats entrelacs des parties instrumentales : ça y va direct et ça y va fort! Par moments, ça ressemble un peu à du Tom Petty qu'on aurait forcé s'hybrider avec un des Ramones, mais une chose est sûre : les inconditionnels des Georgia Satellites ne seront pas dépaysés (sauf au niveau des voix : viril et velu le groupe, on vous a dit!), pas plus que ceux des Dusters. Ils pourraient même trouver dans ce disque de sympathiques moments de bonheur. En attendant un deuxième album pour voir comment le brouet va évoluer, car le poste de deuxième guitariste semble très récemment pourvu, profitons déjà de celui-ci!

Y. Philippot-Degand